Le volcan Misti 5825 m, qui domine la ville blanche d'Arequipa
Finalement,
c'est de nouveau le Pérou ! Antonio m'accompagne, sa famille
habite à Arequipa, on ira donc les voir et loger chez eux. A
défaut d'avoir fait le Huayna Potosi près de La Paz, je
ferai l'ascension du Misti, ce volcan qui surplombe Arequipa, à
5825 m d'altitude. Antonio l'a déjà fait quelques fois
et connaît à peu près le chemin...
Il
faut de nouveau repasser les frontières de la Bolivie et du
Pérou . Oh que je n'aime pas ces formalités ! J'ai
toujours une petite appréhension du côté
bolivien... Il y a quelques années, les policiers boliviens
avaient fait des erreurs sur mon passeport et je m'étais
retrouvée bloquée plusieurs heures entre le Pérou
et la Bolivie ... sans argent sur moi à ce moment-là,
malheureusement, pour payer le pot-de-vin que les Boliviens me
demandaient pour rectifier leurs erreurs... Heureusement qu'un
gentil policier péruvien avait bien voulu à la fin
arranger l'affaire...
Cette
fois-ci, pas de problème... il y a juste un policier bolivien
qui m'annonce que, la prochaine fois, je n'aurai plus le droit de revenir
qu'une semaine en Bolivie ... je pense avoir encore droit à un
mois, mais bon, je n'insiste pas ... on verra bien au retour (et
effectivement, j'avais raison : la fois suivante, j'ai l'autorisation
de séjourner un mois)...
A
Desaguadero, on profite d'être au bord du Titicaca pour acheter
pour le déjeuner une bonne truite du lac... qu'on doit
emporter dans le bus pour Puno ... car pour une fois le bus part à
l'heure !
De
Puno, il nous faut 6h30 pour rejoindre Arequipa, à cause d'un
très long arrêt à Juliaca : le tourisme est très
bas en ce moment, et du coup, on attend d'éventuels passagers ...
A
Arequipa, à la gare routière, le chauffeur de taxi me
dit que désormais, dans la journée, des policiers
filment les touristes étrangers qui partent en taxi pour le
centre-ville, pour éviter les agressions par de faux
chauffeurs de taxis. Mais la nuit et au petit matin (où le
danger serait plus grand) : rien ...
Vers
22h00, on arrive enfin chez la famille d'Antonio : beaucoup de chiens
dans le quartier à mon avis ... je n'aime pas beaucoup ça...
Un de ses amis nous invite prendre un verre ... Alors qu'on papote,
Antonio me dit soudain de ne pas bouger et de ne pas crier : en me
retournant je vois un gros pitbull en train de renifler mes
chaussures et ma jambe ... Oh, j'étais déjà
fatiguée, me voilà maintenant bien tendue et
stressée... Le chien est immédiatement renvoyé
dans la cour de la maison, mais comme il n'y a qu'un rideau en guise
de porte, il a tôt fait de revenir... Et si on allait faire les
courses pour l'ascension du Misti demain??
A
cette heure, on n'a pas beaucoup de choix : une seule épicerie
est encore ouverte...
Ouh, ce qu'il paraît loin, le sommet du Misti !!!
Lundi
matin, on prend un petit taxi pour se rendre au départ de
notre randonnée... Lorsque la route goudronnée laisse
la place à des chemins de terre cabossés, les
bifurcations apparaissent un peu partout... Le chauffeur ne connaît
pas le coin, et Antonio n'a que de vagues souvenirs... On repère
bien, sur le volcan, l'endroit où l'on doit se rendre, mais
... comment y aller ?? Finalement, on laisse le taxi qui s'ensable, et
on continue à pied... 3 bonnes heures de marche en plein
soleil pour atteindre le point de départ de la rando... Un peu
inquiétant pour nos réserves d'eau, calculées au
plus juste...
Du
coup, on pique-nique avant de commencer à grimper. Quelques
groupes de touristes étrangers sont partis dans la matinée,
on papote un moment avec leurs porteurs qui se mettent en route. Ici,
la végétation est rare : quelques cactus, quelques
fleurs par ci par là. La vue est très belle sur le
volcan Chachani.
Vue du Chachani
Petit repos après le déjeuner, avant la montée !! :
Antonio, el loco
Malgré
le poids du sac, cette montée se fait bien ... mais ce que
j'ai soif !! On arrive dans l'après-midi au campement Nido de
Águila où l'on discute avec un Espagnol, seul avec son
guide. La plupart des emplacements étant réservés
par les porteurs des autres touristes (qui sont toujours dans la
montée), on décide de monter 30 mn de plus jusqu'à
un autre campement... Pour le coup, on n'a que l'embarras du choix :
on y est tout seuls. La nuit est terriblement froide, et le vent
n'arrête pas de souffler, nous donnant l'impression d'entendre
des pas à côté de la tente... Mais ce n'est que
le vent... Le ciel étoilé est superbe et la ville
d'Arequipa se dessine très clairement grâce à ses
lumières ...
14 juillet au matin
Vers
1h00, on voit des lumières et on entend les premiers touristes
passer près de notre tente... Pas facile de sortir du duvet à cette heure... On part un peu moins d' une heure plus
tard, laissant quelques affaires dans notre tente, qu'on démonte pour la rendre moins visible (car contrairement aux autres
touristes, on n'a ni porteur ni cuisinier pour la surveiller !).
La
montée se fait relativement bien. A quelques endroits, le
chemin est moins bien tracé, il faut grimper dans les rochers,
mais on arrive toujours à retrouver notre route. Un peu avant
six heures, avant le lever du soleil, je me sens à moitié
mal ... ça fait plus de 3h30 qu'on marche, sans vraiment
s'arrêter à cause du froid, et en n'ayant rien mangé
depuis le dîner, qui avait été des plus légers
... Pas très malin tout ça, en y repensant ... Mais je
m'en rends compte un peu tard, quand la ville d'Arequipa, dont les
contours lumineux étaient si nets dans la nuit, ne devient
plus pour moi qu'une grosse tache toute floue, quand je commence à
voir voler plein de petits points noirs, que je sens mes mains
s'engourdir et que je sens une très forte envie de
m'allonger... En temps normal, ça ne m'aurait pas inquiétée
plus que ça, mais là, je ne sais plus ce qu'il faut
mettre sur le compte de l'altitude, de la fatigue, ou de
l'alimentation... A cause du froid glacial, je sais qu'il faut que
j'essaie de tenir debout ... On reste un bon moment sans bouger, à
attendre que je retrouve des couleurs... Peu à peu, le jour
commence à se lever... ça rassure aussi. Je n'ai envie
de rien avaler... Mais je me force à manger une barre
énergétique qui s'était égarée
dans une poche de mon sac-à-dos lors du trek d'Apolobamba
(merci Nicolas !!!). Voilà, ça me redonne un peu de
forces... Je songe à redescendre, ça me semble le plus
prudent ... Mais Antonio insiste pour qu'on essaie de continuer ...
tout doucement... On y va, mais pour le coup, c'est vraiment très
très très doucement. Trois petits pas et on s'arrête...
Trois autres petits pas et on s'arrête ... Et ainsi de suite
pendant plus de 2 heures et demie...
Dure, la montée !!!
Malgré
notre lenteur, on arrive dans les premiers en haut du volcan.
Enfin au sommet (ou presque) !!!!
Antonio
n'est jamais allé plus loin, car à chaque fois qu'il
est monté, il y avait trop de brouillard et le temps était
trop mauvais pour continuer. La veille, on s'était dit qu'on
irait jusqu'à la croix, à 5825 m. Là encore,
j'insiste pour qu'on entame plutôt la descente, mais
... c'est vrai qu'on est chanceux : le ciel est plutôt dégagé... allez, je me laisse entraîner vers la croix ! Mais tout doucement ...
Ça y est, c'est le point le plus haut !! Et la vue est splendide sur
le volcan et sur les alentours.
On l'atteindra, cette croix qui marque le sommet !!
Ça y est !!
On
gagne ensuite un point de vue sur le cratère... également
magnifique !! Les efforts sont largement récompensés
...
Un p'tit détour pour aller voir le cratère :
On se met alors à descendre, dans la lave, pour retourner déjeuner
à notre campement, à Nido de
Águila
.
à Nido de Aguilas (4700 m)
Au
déjeuner, on économise l'eau ... on a encore pas loin
de 5 h de descente en plein soleil... Je presse nos derniers citrons
dans le reste d'eau, c'est plus désaltérant, et je pose
la bouteille près d'un muret pour qu'Antonio la prenne...
D'autres touristes arrivent à ce moment-là, on discute
en finissant de démonter la tente et de préparer nos
sacs. Et
on repart. Une bonne heure plus tard, lorsque je veux boire, on se
rend compte qu'on n'a pas la bouteille !!!! Le guide des touristes
avait en fait appuyé ses sacs sur le
muret près duquel j'avais laissé la bouteille, la cachant ainsi... et chacun de
nous a cru que l'autre l'avait pris ... Oh ... Impossible de faire
demi-tour...
Oh ce petit muret derrière lequel est restée cachée notre dernière bouteille d'eau !!!! Qu'elles seront longues, longues, longues, les heures de descente en plein soleil sans une goutte d'eau ....
le Pichu Pichu
De plus, Antonio me dit qu'on n'a pas de temps à
perdre, car le chemin qu'on a pris au retour nous fait arriver dans
un « pueblo joven », un bidonville ... Les
autres touristes, eux, ont pris le même chemin qu'à
l'aller, car en bas, ils sont attendus par des 4x4 de leur agence de
voyages.... mais pour nous, impossible de contacter un taxi... il
nous a donc fallu prendre un autre itinéraire... Bon, le but
maintenant est d'arriver dans ce pueblo joven avant la tombée
de la nuit... C'est donc une marche accélérée
sous le soleil sans eau... et sans véritablement savoir si on
est sur le bon chemin... Tous les sentiers vont dans la même direction plus
ou moins... mais certains mènent à des sortes de
falaises ou n'aboutissent à rien... Malgré tout, la vue
sur les volcans reste très belle, notamment au coucher du
soleil ! On rejoint la ville juste au moment où les lumières
commencent à s'allumer ... fatigués, mais heureux de
ces 2 jours !
Au milieu de la descente... Encore combien d'heures ??!!?
On se précipite dans la première boutique pour
acheter de l'eau, et on prend un micro (minibus) pour rentrer à
la maison ... prendre une douche chaude (hmm, en fait, une douche à la
casserole et au baquet; sinon c'était la douche froide !) et le délicieux dîner qu'on
nous a préparé.