Chemin précolombien du Choro
Après avoir fêté tranquillement hier à La Paz l'anniversaire d'Antonio, nous repartons pour 3 jours de trek sur un autre chemin précolombien : cette fois, c'est le Choro trek, sur le flanc est de la Cordillère Royale.
Comme pour le Takesi, cette randonnée nous mène des Andes aux vallées tropicales des Yungas...
Premier jour
Tôt le matin, nous prenons donc un bus en direction des Yungas, et nous nous arrêtons après environ 1 h de trajet, au col de La Cumbre, près de petits lacs et d'une grande croix, à 4700 m d'altitude. Il nous faut monter un peu jusqu'à l'Apacheta Chukura, à 4780 m. On a de la chance, il fait beau, ce qui nous permet d'apercevoir des condors qui volent au-dessus de nos têtes !! Peu à peu les nuages vont gagner du terrain ... Commence alors une longue descente, sur un chemin très bien tracé, parfois même pavé. Cela fait drôle de se dire que les Incas utilisaient déjà ce chemin, notamment pour échanger des produits entre les vallées et l'Altiplano. On croise peu de personnes : des petites filles qui grimpent et qui nous demandent des mandarines, d'autres enfants près des quelques maisons situées près du chemin, quelques touristes (vraiment très peu nombreux pour la saison), et Emerlinda – une femme avec qui on s'arrête discuter un moment. Assez vite, l'univers minéral de la haute montagne disparaît, et quelques plantes se montrent ici ou là... On passe près des «hameaux» (quelques maisons en fait) de Samaña Pampa – où il faut payer une somme modique pour l'entretien du chemin, Chukura, puis Challapampa (2910m) au bord d'une rivière. Là, on hésite à planter la tente, car la nuit commence à tomber. Des enfants s'amusent avec un chien tout fou. Connaissant ma peur des chiens et craignant d'être embêtés toute la nuit par des aboiements, Antonio décide de continuer. Lui qui a déjà fait ce chemin me dit que le prochain village est tout proche et qu'on y sera avant la nuit !! «Plus qu'un virage et on arrive », « Ahorita », le pire des mots !! ça veut dire « tout de suite », mais c'est en fait un « tout de suite » qui peut durer des heures... Heureusement que j'avais ma lampe car il nous faut marcher pas mal de temps dans la nuit. De temps en temps, on aperçoit des lumières, mais faux espoirs, ce ne sont que des lucioles ! Bref, quand on parvient enfin à un « camping », des étudiants ont allumé un bon feu, et ça fait vraiment du bien !!
Deuxième journée :
Le lendemain, on arrive très vite à l'endroit nommé El Choro, au bord de la rivière. La végétation est maintenant luxuriante et totalement de type subtropical. On monte, on descend, on traverse des rivières. Les nombreuses fleurs égaient les bord du chemin. C'est super agréable. On marche aussi un long moment sur un chemin en balcon, et la vue est magnifique sur ces vallées. Le seul hic, c'est qu'il y a de plus en plus de terrains déboisés, pour laisser place aux cultures... Après avoir passé le village de San Francisco, à 2000 m, et traversé la rivière Coscapa, nous attend la cuesta del Diablo (montée du diable). Bon, le nom est plus terrible que la montée elle-même !! Puis on arrive à Bella Vista, endroit rêvé pour faire la pause pique-nique, car les paysages sont splendides et la maîtresse de maison, qui est en train de laver son linge, prend plaisir à papoter et à rire avec nous.
Et on reprend la route jusqu'au village de Sandillani, à 2000 m d'altitude environ, pour aller camper à « la casa del Japonés ». Tamiji Hanamura, un Japonais maintenant très âgé, a installé un terrain de camping en terrasses, dans un jardin planté de superbes fleurs. Enfin un sol bien droit pour dormir, et la vue est encore une fois splendide ! Il y a même, pas très loin, un petit café où l'on peut enfin commander un « dîner » chaud. En attendant le repas, on discute avec un petit commerçant (en train d'essayer de tuer des paons avec son fils) qui évoque les difficultés de la vie dans ce petit village isolé. Comme beaucoup ici, il voudrait qu'une route soit faite pour pouvoir transporter les fruits et les légumes produits et favoriser le développement de la région. On parle également avec lui d'une mine en construction un peu plus haut, sur le chemin même de l'Inca... Les habitants ne se rendent pas compte de la valeur de ce chemin (tant par ses paysages que par son histoire et ses restes archéologiques), ils veulent échapper à la pauvreté, donner une éducation à leurs enfants. Les différentes communautés ne se mettent pas d'accord quant à l'entretien de ce chemin inca et cet homme nous avertit que le chemin que nous allons parcourir le lendemain sera mal entretenu... Une conversation intéressante ... mais on vient nous chercher car notre « dîner » est prêt !
Troisième journée
Le dernier jour, quel bonheur d'être réveillés par les oiseaux qui chantent et quelques rayons de soleil... La vue est complètement dégagée !! Après une petite visite au Japonais et une balade dans ses jardins fleuris, on reprend notre descente jusqu'à Chairo, à 1200 m d'altitude. Il fait de plus en plus chaud, évidemment ! Au milieu de la végétation, on aperçoit quelques perroquets. Arrivés à Chairo, il n'y a pas de véhicule pour nous emmener jusqu'à Yolosa. Plutôt que d'attendre, on commence à marcher sur la piste, mais la chaleur est insupportable... On avance quand-même ... Peu avant de rejoindre la route goudronnée, un taxi collectif passe et nous conduit jusqu'à Yolosa. De là, un autre taxi collectif nous mène 8 km plus loin à Coroico (1760 m). Notre chauffeur, un Noir, est super sympa et détendu. Premier contact avec la population afro-bolivienne, importante dans cette région. Ce sont les descendants des esclaves qui travaillaient dans les mines. Les minibus pour rentrer à La Paz sont pris d'assaut... on en réserve un pour la fin de l'après-midi, ce qui nous laisse un peu de temps pour découvrir cette petite bourgade des Yungas, plutôt agréable puisqu'il y fait bien moins froid que dans les Andes et qu'on n'y souffre pas encore de l'humidité de l'Amazonie ! Le retour, qui devait être rapide, s'allonge.. Il faut changer une roue du minibus à plus de 4000 mètres d'altitude, dans le noir et dans le froid... Le chauffeur a pitié des femmes : seuls les hommes doivent descendre du minibus pour l'alléger !! Ça a du bon d'être une femme en Bolivie !!
Vue depuis le camping (maison du Japonais):