Misiones
Je viens de passer quelques jours dans les Missions jésuites de la Chiquitanía, à un peu plus de 200 km à l'est de Santa Cruz, à la frontière avec le Brésil.
C'est une zone de très forte production de drogue, d'où des fouilles longues et minutieuses dans les bus par des policiers boliviens - car Evo Morales a renvoyé chez eux les Américains de la DEA... (du coup, j'ai parfois hésité avant de laisser mon sac à dos un peu n'importe où, dans une agence de bus, à l'office de tourisme, ou dans un hôtel, de crainte qu'on aille me mettre un peu de drogue dedans !! ).
Message de la police... peu rassurant ! :
Les habitants confirment tous : ne jamais accepter de nourriture dans un bus de la part d'un inconnu !!!
Ici, on se trouve entre la plaine et l'Amazonie, il fait chaud et les moustiques et autres bestioles abondent (il y a d'ailleurs une épidémie de dengue en ce moment en Bolivie).
La région est surtout connue pour ses magnifiques églises en bois et en pierres, toutes peintes à l'intérieur, de style baroque métis (Patrimoine de l'Humanité). Elles sont construites avec des matériaux locaux, ont de belles colonnes torsadées, des autels de couleur dorée, de nombreuses statues de saints en bois. On peut les voir dans le film Missions... Dans Candide, Voltaire faisait venir son personnage dans ces "Républiques de Dieu" érigées par les Jésuites (1691-1767, date de l'expulsion des jésuites de l'Amérique Latine). Les habitants sont restés très catholiques. Ils continuent à sculpter des anges et d'autres statues en bois, qui sont vendues dans les églises de tout le pays. Et là, ils se préparent déjà pour la Semaine Sainte...
Je m'arrête d'abord à San Ignacio, d'où j'attrape un bus pour San Miguel, puis un autre pour San Rafael, avant de rentrer à San Miguel passer ma première nuit dans cette région. Le lendemain, je vais voir les sculpteurs de bois de San Miguel, avant de rejoindre en bus San Ignacio, puis d'aller passer la nuit à Concepción. Puis de Concepción, je gagne San Javier, d'où je rejoins le lendemain Santa Cruz.
San Ignacio :
Concepción :
San Javier :
Travail du bois:
La région est riche et on y trouve notamment beaucoup d'élevage. Les mennonites y sont très nombreux. On les voit généralement en groupe, ils se déplacent pour le travail (ils sont réputés être très travailleurs). Ça fait tout drôle de voir monter dans un bus des jeunes filles en belle robe longue, bras couverts, cheveux blonds tressés, la raie bien au milieu, la petite coiffe sur la tête, parfumées, alors qu'il fait 40 degrés... Quant aux hommes, ils portent tous la salopette. L'un d'eux est venu s'asseoir près de moi un soir dans un bus, oh ce qu'il sentait la vinasse !! Il m'en a d'ailleurs gentiment proposé (!), me disant qu'après la journée de travail c'était bien mérité... Il avait déjà 6 enfants, parlait avec un fort accent étranger (cela ne fait pas si longtemps que ça que les Mennonites côtoient un peu plus les Boliviens et parlent l'espagnol) et pestait contre le gouvernement d'Evo Morales qui rationne l'essence et complique tout dans le région, notamment les exportations de soja et d'autres produits.
Bref, par les diverses rencontres, les visites des églises, ces quelques jours ont été très intéressants, mais épuisants à cause de la chaleur, des pistes dans un état déplorable (la saison des pluies se termine tout juste), des horaires complètement farfelus des bus, et des heures d'attente... En effet, personne n'est vraiment capable de dire à quelle heure il y aura un bus et s'il y en aura un. Un petit exemple : pour aller du village de San Ignacio à celui de Concepción (3h30 de route en principe) je voulais prendre le bus de 15 h, en provenance du Brésil, pour arriver avant la nuit à Concepción... A l'agence, on me dit que le bus arrivera peut-être à 18 h, ou 19 h, ou 20 h... si toutefois il arrive !!! Je vais donc voir une autre compagnie de bus et j'achète un billet pour 18 h. Quand j'arrive à 17 h 45, on me dit que le chauffeur ne veut pas conduire.... le bus est en trop mauvais état pour faire la route !!!!! On m'envoie donc ailleurs, et encore ailleurs....en vain.... et par le plus grand des hasards, je tombe sur un bus qui est en train de partir pour Concepción (personne n'était au courant ....), où l'on arrive vers minuit. Le bus n'entre pas dans le village, il me dépose juste au bord de la route .... Je prends alors un moto-taxi qui me conduit à une pension encore ouverte, un peu cracra, pleine d'araignées et de bestioles bizarres. Pour tout arranger, quand je veux sortir de ma chambre pour aller faire un brin de toilette, je me rends compte que je suis enfermée et que la porte ne s'ouvre plus. Me voilà à minuit passé en train d'appeler le patron de l'hôtel, réveillant tout le monde ... Il vient, je lui passe la clé sous la porte, et pendant plus de 10 mn, il essaie d'ouvrir...en vain !! Alors, il va chercher .... sa femme !! C'est elle qui, au bout d'un moment, réussit à ouvrir en soulevant la porte avec une tige en métal... Bienvenue en Bolivie !!!
Fabrication du fromage à san Javier :
Religion et politique ... :
Ma première rencontre avec les médecins cubains en Bolivie :