Sur les pas du Che : Vallegrande La Higuera
La Higuera, c'est l'endroit où Ernesto Guevara a été capturé en octobre 1967 dans le ravin du Churo, puis tué dans la petite école.
Puis c'est à Vallegrande, dans l'hôpital Nuestro Señor de Malta, que ses mains ont été coupées dans la morgue et que son corps a été montré à la presse le 9 octobre 67, dans la buanderie. C'est aussi là que son corps est resté enterré jusqu'en 1997, lorsque les Cubains ont fait des fouilles pour retrouver les corps des guérilleros et les ramener à Cuba.
Ces endroits se méritent !! Ce n'est qu'à 2 h de bus de Samaipata, mais personne ne sait à quelle heure passent les bus. On m'avait dit 11h, 11h30... Sur le bord de la route, j'ai guetté le bus... midi, 13 h, 14 h... "Ahorita" (tout de suite), me dit-on quand je demande quand le bus va arriver ... Finalement, un minibus est arrivé... Et encore, j'ai eu de la chance. Javier, un Espagnol que j'ai rencontré à La Higuera, a mis presque la journée à aller de Santa Cruz à Vallegrande : un bus, 3 taxis, et 3h30 de marche, à cause de manifestants qui bloquaient les routes à 6 endroits ! Voilà, ça, c'est vraiment la Bolivie, rien n'est jamais sûr, personne n'est sûr de rien, et les mots très fréquents, c'est "capaz", "tal vez" (peut-être). Patience, patience, patience ...
Arrivée mardi soir à Vallegrande, je vais m'informer à l'office de tourisme où Edil, un guide, me donne quelques infos (pas très fiables...). Mon but, aller à La Higuera, mais c'est compliqué. Une soixantaine de km... Il faut se payer un taxi, ou attendre un improbable camion qui passe une ou deux fois par semaine, ou y aller un jour de marché (le jeudi ? le vendredi ?) sans savoir s'il y aura des véhicules pour le retour !! De quoi se décourager...
et son drapeau :
Mercredi, je prévoyais une journée plan plan, ayant mal aux chevilles depuis ma rando à "El fuerte".
Mais le matin, au marché, je tombe sur le guide Edil qui me dit qu'il part avec un autre guide et un photographe aux fosses de guérilleros de la Cañada del Arroyo. Il y est allé pour la dernière fois il y a 6 ans... Les guides veulent aménager le site pour les touristes et doivent donc faire un rapport pour la mairie... Il reste une place dans le véhicule.... il n'y aura que 100 mètres à marcher (mes chevilles tiendront le coup...). J'y vais... Piouf, 100 mètres !!! A vol d'oiseau, peut-être ... Il y a un ravin à traverser, et il faut se frayer un chemin à la machette car la végétation (surtout des épineux) a tout recouvert. On marche plus d'une heure avant d'atteindre les fosses des guérilleros. Les corps sont à Cuba depuis 1997, on ne trouve que 2 des pierres tombales, les autres ont sans doute été volées ou enlevées par les propriétaires du terrain...
Puis Edil se propose de me faire visiter les autres fosses. A celle du Che (où Ernesto Guevara avait été enterré avec 6 autres guérilleros), je rencontre 4 doctoresses cubaines, qui portent toutes un tee-shirt du Che. On sympathise, et elles m'invitent à les rejoindre à l'hôpital du village pour une petite fête le soir.
Je visite ensuite la fosse de Tania (la seule femme), enterrée avec 12 autres guérilleros, puis la morgue et la buanderie - pleine de graffitis - de l'hôpital Nuestro Señor de Malta, où le corps de Che avait été montré à la presse.
A l'hôpital flottent les drapeaux cubain, bolivien, et de Vallegrande.
Un accord entre Fidel Castro et Evo Morales a permis l'envoi de 2000 médecins cubains (avec pas mal de matériel) dans les villes et les villages boliviens. La condition émise par Cuba : que tous les soins et les médicaments soient complètement gratuits. A Vallegrande, il y a 40 "batas blancas" (blouses blanches) qui travaillent avec les médecins et infirmiers boliviens. Dans les villages des Misiones où j'avais aussi rencontré des Cubains, ils avaient un cabinet à part, souvent rempli : les patients paient s'ils vont consulter un médecin bolivien, mais ne paient rien s'ils vont au cabinet des Cubains ...
Ce soir là, il y avait donc une fête à l'hôpital, avec la venue du vice-ministre de la santé de Cuba, du consul et des hautes autorités médicales. Des discours, des témoignages de villageois, des danses folkloriques par les enfants, et bien sûr, ce qui ne pouvait pas manquer, la chanson du Che interprétée par une doctoresse cubaine. Beaucoup de Cubains avaient les larmes aux yeux. La plupart des discours commençaient par "Compañeros", et tous se terminaient par "Patria o muerte", à quoi tout le monde répondait : "Venceremos". Les "Viva Fidel" n'ont pas manqué... Quelle différence entre la personnalité des Boliviens de ces campagnes, et les Cubains si ouverts, si chaleureux, si blagueurs !!
Vidéos : danses // danses // canción del Che
Ce vendredi-là à Vallegrande, la matinée est consacrée à un grand nettoyage dans toutes les maisons du village, pour lutter contre la dengue :