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Caminante no hay camino...
7 juin 2009

Ccoylloritty, jour 1

Au milieu de la nuit, après les prières et les bénédictions, on monte tous dans le bus (de manière très ordonnée !) en direction de Mahuayani (4070 m).

Lorsqu'on arrive dans ce petit village, point de départ de la montée vers le sanctuaire, il fait un froid glacial et le jour ne s'est pas encore levé. Avant d'entreprendre la montée, il faut aller prier dans une petite chapelle et se faire bénir. Il faut surtout que les étendards et la « demanda » (le retable de la confrérie) reçoivent une bénédiction. L'attente est longue car les groupes sont très nombreux et le rituel est le même pour tous...

On nous laisse ensuite un peu de temps libre pour petit-déjeuner, acheter ce qui pourrait manquer dans les multiples stands qui sont installés là pour l'occasion (dans mon cas, une gamelle : la nourriture sera distribuée, mais il faudra de quoi la recevoir...).

Puis on commence à grimper, par le chemin « du haut », celui qui n'est pas fréquenté par les mules, et qui est donc plus agréable. Il y a environ 8 km jusqu'au Sanctuaire, qui se trouve à 4600 mètres d'altitude. Chacun monte à son allure, mais tout le groupe se réunit de temps en temps, là où il y a des croix ou des autels : les musiciens y jouent un peu et le « majordome » – et d'autres – prient et chantent. Il y a 9 croix tout au long de la montée.

Lorsque le chemin « du haut » et celui « du bas » se rejoignent, il y a foule ! Il faut alors prendre garde aux mules qui montent et descendent, transportant de la nourriture, du matériel, du kérosène, ou des personnes... Et qu'est-ce qu'on avale comme poussière !

La montée :

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A l'arrivée à l'alpage de Sinakara, de chaque côté du sentier, des gargotes et des petits kiosques ont été installés : on y trouve des tas de babioles à acheter (des croix et d'autres objets religieux, mais aussi des billets (en dollars surtout), des petits camions, des maisons...).

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Lorsqu'enfin toute la confrérie est réunie, on se dirige vers la chapelle. On doit attendre un bon moment pour pouvoir y pénétrer, rendre hommage au Taytacha (Seigneur) de Qoyllur Ritty par des danses et de la musique, et déposer la « demanda », le petit retable portatif. J'entends les premiers « Jayo, jayo », des mots que je réentendrai tellement souvent pendant ces 3 jours, et qui veulent dire : « Allez, on avance, on laisse la place ! ».

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Après ce passage obligé par l'église, on gagne l'ermitage de la Vierge : là encore il faut lui rendre hommage.

Vidéo : danses

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Enfin, on gagne la cabane de la confrérie qui nous abritera pendant les 3 jours. Un côté pour les hommes, un autre pour les femmes : aucun mélange n'est permis pendant le pèlerinage. Les règles sont strictes : l'alcool aussi est fermement interdit, et les contrevenants en seraient bon pour des coups de fouet !

Bon, c'est du rustique ! Et ça va être « serrés serrés », surtout du côté des filles ...

Je vais alors me balader sur la grande esplanade et me mets en quête d'un grand morceau de plastique pour protéger mon tapis de sol. Ce n'est pas dur à trouver : plein de gens en vendent. Les cabanes étant peu nombreuses, la plupart des pèlerins dorment sous des tentes, ou sous des plastiques qu'ils installent comme ils peuvent. De ci, de là, des cuisinières s'affairent autour de grandes marmites ou de réchauds. Chaque confrérie a ses propres cuisiniers...

Déjà, les airs de musique me sont bien entrés dans la tête : c'est très répétitif. Il y a essentiellement des tambours et des flûtes, et aussi quelques violons, cuivres et accordéons. On me dit que l'an prochain, seuls les tambours et les flûtes seront autorisés, pour retrouver une musique purement andine ...  Les coups de sifflet fusent de tous les côtés, ça n'arrête pas ... Partout, des gens dansent...

Les différentes communautés de la région ont envoyé des délégations qui sont appelées "nations" (pendant l'époque coloniale, on appelait "nations" les différentes ethnies) : Paucartambo, Anta, Quispicanchis, Chinchero ... Beaucoup ont le drapeau arc-en-ciel inca, et aussi leur propre étendard, ainsi que leurs croix, leurs cierges... C'est immense !! Difficile de croire qu'un pèlerinage à cette altitude puisse réunir autant de monde. On estime à  plus de 10 000 le nombre de danseurs ... Il y a des gens partout qui se bousculent, qui dansent, qui attendent, qui avancent... parfois, on peut à peine bouger, il faut juste se laisser porter par la foule...

En me baladant, je rencontre deux Français, Julie et David, qui m'invitent prendre un maté de coca et discuter un peu sous leur grande tente.

Tout est vraiment très bien organisé : les confréries doivent danser à tour de rôle, dans tel ou tel endroit, et ceci de jour comme de nuit. Pas question de rater son tour ! Et avant d'aller danser, il faut compter plus d'une heure de préparation, entre tous les habits à enfiler et les cheveux à tresser ...  Toute la nuit donc, les tambours et les flûtes résonnent...

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